Quel avenir pour l’architecture logicielle en France ?
Quel avenir pour l’architecture logicielle en France ?

Quel avenir pour l’architecture logicielle en France ?

À mesure que les systèmes informatiques deviennent plus grands et plus complexes, il est de plus en plus difficile d’éviter les décisions liées à l’architecture. Cependant, le rôle d’architecte logiciel est souvent défini de manière informelle et basé sur l’expérience plutôt que sur des critères standardisés. 

Des organisations comme l’iSAQB tentent de résoudre ce problème en proposant un parcours de certification structuré via le programme CPSA. L’objectif n’est pas de remplacer l’expérience, mais de créer un point de référence commun pour évaluer les compétences en architecture.

Dans cet article, nous examinons l’utilisation actuelle de l’iSAQB dans la région DACH et voyons si cela correspond aux besoins de l’industrie logicielle française.

1- Qu’est-ce que l’iSAQB et la certification CPSA ?

L’International Software Architecture Qualification Board, ou iSAQB, est une association à but non lucratif créée en 2008 en Allemagne. Elle définit un cadre de qualification standardisé au niveau international, neutre sur le plan technologique, indépendant et sans lien avec un fournisseur.

Au centre de ce cadre se trouve la certification CPSA (Certified Professional for Software Architecture), organisée en trois niveaux :

  1. Niveau Fondations (Foundation Level) : couvre les bases de la réflexion architecturale et de la documentation.
  2. Niveau Avancé (Advanced Level) : propose une formation approfondie sur des modules spécifiques comme le domain-driven design, la sécurité web, les exigences pour l’architecture, etc.
  3. Niveau Expert (Expert Level) : en cours d’approbation finale et bientôt disponible.

Le programme est conçu par des professionnels du secteur et couvre à la fois les aspects techniques et la communication liés au rôle d’architecte. Les formations sont données par des prestataires accrédités, et les examens sont standardisés dans tous les pays où la certification est proposée.

Un aperçu plus détaillé de la structure de la certification CPSA, de l’outil de suggestion de modules et des modules disponibles est présenté sur la page iSAQB de Tecnovy.

2- L’iSAQB dans la région DACH : une certification largement utilisée

Dans le monde entier, la certification CPSA de l’iSAQB a été largement adoptée dans divers secteurs. Plus de 40 000 professionnels ont réussi au moins un des deux niveaux du programme CPSA. De grandes entreprises comme Lufthansa, Volkswagen et Helvetia incluent la certification dans leurs parcours de formation interne.

Plusieurs facteurs expliquent pourquoi l’iSAQB s’est imposée dans la région DACH :

  • Forte culture de la certification : la région DACH a une longue tradition de qualifications officielles pour les professions techniques. Les programmes formels sont préférés aux parcours informels.
  • Demande des entreprises : dans beaucoup d’entreprises, les décisions d’architecture doivent respecter les règles de conformité, les audits et les exigences de maintenabilité future. La CPSA fournit un cadre pour standardiser les décisions et le vocabulaire.
  • Infrastructure de formation : des dizaines de prestataires accrédités proposent des cours en allemand et en anglais, en ligne ou en présentiel.

Même si l’adoption est forte, la certification n’est pas obligatoire. Sa popularité vient surtout des politiques internes des entreprises et des incitations au développement professionnel. Certains architectes la passent pour progresser dans leur carrière, d’autres pour répondre aux attentes de leur employeur.

3- Ce que disent les architectes certifiés

Les architectes qui ont obtenu la certification CPSA disent que c’est un système utile, surtout pour organiser ses connaissances et améliorer la communication dans les équipes. Le Foundation Level enseigne des notions de base comme la documentation, les critères de qualité et le travail avec les différentes parties prenantes.

Mais son utilité peut varier. Certains professionnels expérimentés la trouvent trop simple, et d’autres pensent que la qualité dépend du formateur.

Pour recueillir différents avis, Tecnovy a créé un podcast où des professionnels certifiés parlent de l’utilisation de la CPSA dans la pratique. Ils discutent de son utilisation dans la profession, de son impact sur la communication et de son utilité pour leur carrière. La plupart le trouvent utile, mais les avantages dépendent de la situation et de l’expérience de chacun.

4- Ce que l’iSAQB couvre et ce qu’elle ne couvre pas

La certification CPSA apprend à réfléchir comme un architecte, pas à coder. Elle aborde des sujets comme la décomposition d’un système, la documentation, la définition des critères de qualité et la communication avec les parties prenantes. L’objectif est d’avoir un langage commun et un processus clair pour les décisions architecturales.

Elle ne se concentre pas sur des technologies, des outils ou des secteurs spécifiques. Elle ne dit pas exactement quoi faire, laissant le participant décider par lui-même. Certains apprécient ce côté général, d’autres y voient un inconvénient.

En pratique, le Advanced Level propose des leçons plus complètes et concrètes, tandis que le Foundation Level donne les bases pour aborder correctement l’architecture. En résumé, l’iSAQB apprend à réfléchir sur l’architecture, mais ce n’est pas une boîte à outils complète. Elle complète l’expérience, mais ne la remplace pas.

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5- Pourquoi la France reste prudente

En France, les carrières en informatique se construisent souvent par un diplôme universitaire et une formation interne, plutôt que par des certifications externes. Les postes d’architecte logiciel sont souvent définis en interne, ce qui réduit le besoin de cadres externes comme l’iSAQB.

La langue joue aussi un rôle. Jusqu’à récemment, la plupart des documents et examens officiels étaient en anglais ou en allemand. Aujourd’hui, certains documents existent en français et un support complet en français est prévu. Tecnovy a déjà lancé les premiers cours iSAQB en français et prévoit d’en proposer davantage.

Selon Zied Chtioui, Senior Software Architect et formateur iSAQB chez Tecnovy :
“Les professionnels français de l’IT abordent les certifications avec une forte attention à l’évaluation et à l’analyse des risques. Portés par une culture qui valorise la précision et la rigueur, voire le perfectionnisme, beaucoup cherchent à prendre des décisions bien réfléchies, basées sur des avantages clairs pour leur carrière.”

Comme il n’y a pas encore beaucoup d’exemples locaux ou de recommandations solides, l’intérêt reste prudent. Le marketing n’a pas encore montré clairement comment l’iSAQB s’intègre dans le marché français. Ce n’est pas un refus, mais un démarrage lent. La base est en place, et l’adoption dépendra de l’adéquation avec les besoins locaux.

6- Nouveaux marchés, nouvelles expériences : la France est la prochaine

L’iSAQB a été surtout populaire dans la région DACH, où elle joue un rôle important dans la formation en architecture logicielle. Elle commence maintenant à se faire connaître dans d’autres parties de l’Europe, avec des efforts pour traduire et adapter le contenu dans d’autres langues.

Tecnovy, déjà bien implanté en Allemagne et en Suisse, a organisé ses premières formations CPSA en France, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Pologne, République tchèque, Turquie et dans d’autres pays européens. D’autres sessions sont prévues, avec la France comme prochaine grande cible pour une intégration complète. Des cours en français ont déjà eu lieu et d’autres sont prévus.

Ces étapes montrent que l’iSAQB pourrait devenir un standard pour l’architecture logicielle en Europe. En France, elle devrait continuer à se développer jusqu’à devenir significative d’ici 2026.

7- L’iSAQB est-elle pertinente pour l’écosystème français ?

L’approche de l’iSAQB est basée sur des principes d’architecture utilisables dans de nombreuses industries et pays. Elle ne vous impose pas d’outils spécifiques ni de respecter les lois d’un pays particulier. Elle se concentre sur des idées clés comme la conception modulaire, la maintenabilité, la possibilité de faire évoluer les systèmes et la sécurité. Ces concepts sont importants dans la plupart des projets logiciels.

Comme l’explique Zied Chtioui :
“L’iSAQB définit un standard mondial pour l’architecture logicielle, établissant de bonnes pratiques et un état d’esprit qui s’appliquent partout, peu importe le lieu. Que vous conceviez des systèmes en France, en Allemagne ou au Japon, les principes de base restent les mêmes. L’iSAQB les codifie dans un cadre standardisé qui dépasse les frontières nationales, ce qui rend la certification très pertinente pour les entreprises françaises.”

Le commentaire de Zied montre que l’iSAQB repose sur des idées qui peuvent fonctionner partout. Pour les équipes françaises, sa valeur réside dans l’adoption des mêmes bonnes pratiques que celles des autres pays, ce qui facilite la collaboration et maintient un haut niveau de qualité. Son adoption dépendra de sa capacité à s’adapter aux méthodes de travail locales.

8- Conclusion : un standard mondial ou un phénomène régional ?

L’iSAQB est aujourd’hui un organisme internationalement reconnu pour la qualification en architecture logicielle. En établissant un langage commun et une compréhension partagée entre les architectes, elle s’est étendue au-delà de la région DACH pour servir le marché européen et international.

En France, la situation évolue encore. Le cadre répond à beaucoup de défis déjà présents dans les équipes locales, mais il ne sera largement adopté que s’il s’intègre bien aux pratiques et méthodes de travail existantes.

Avec des cours en français déjà disponibles et des prestataires qui élargissent leur offre, les bases sont posées. Reste à savoir si l’iSAQB trouvera une place permanente dans l’écosystème français du logiciel ou si elle restera en marge… Nous le verrons dans les années à venir.

Plus d’informations sur le cadre, sa gouvernance et son modèle de certification sont disponibles sur le site officiel de l’iSAQB.