Zoom sur le retour en force du rétro dans la culture gaming

Dans la pop culture, la tendance est résolument à la nostalgie. Au cinéma, pas une année ne défile sans le reboot d’un vieux film ou le nouveau chapitre d’une licence exhumée des années 80. En radio, c’est l’eurodance qui revient en grâce. Cette fièvre nostalgique est tout aussi sensible dans l’industrie vidéoludique. 

S’il y a quelques années, les blockbusters aux graphismes toujours plus impressionnants semblaient préfigurer l’avenir du jeu vidéo, rares sont les œuvres modernes à être devenues de véritables classiques. La quête du réalisme absolu poursuivie par de nombreux développeurs a même suscité un regain d’intérêt pour les titres culte d’autrefois. Alors, analysons quelques-uns des facteurs qui sous-tendent ce come-back du rétrogaming.

Rétrogaming : une résurgence marketing qui joue la carte de l’accessibilité

De la PS1 à la Nintendo 64, les consoles d’antan sont désormais de vrais objets de collection. En France, certaines consoles vintage comme la NES se revendent à plus de 150 € chez des revendeurs spécialisés, tandis que des modèles plus rares à l’exportation, comme la Neo Geo japonaise, frôlent les 600 € l’unité. L’essor du rétrogaming a contribué à cette flambée des tarifs, et les consoles suscitant le plus de nostalgie s’échangent parfois aux enchères pour des sommes astronomiques.

Loin de freiner les passionnés, cette tendance a incité plusieurs studios à rééditer leurs modèles emblématiques dans des versions modernisées. Atari a par exemple lancé l’Atari 2600+, permettant aux plus nostalgiques comme aux nouveaux-venus de redécouvrir des jeux d’arcade Atari 2600 et 7800 sur un même appareil. D’autres consoles rétro abordables ont suivi, comme la Polymega, équipée d’un système modulaire compatible avec de nombreux anciens formats de jeux. Si l’attachement des rétrogamers ne faiblit pas envers les cartouches physiques disponibles sur les meilleurs consoles rétro, de nouveaux acteurs investissent aussi la scène du streaming.

Cloud gaming : l’émergence d’un nouveau modèle

Bien que controversé, le cloud gaming fait son chemin dans la sphère rétro. Ce modèle sur demande consiste à délocaliser des jeux sur des serveurs à distance. Des plateformes comme Anstream Arcade mettent déjà à disposition des milliers de titres issus de consoles tels que la Game Boy ou la SNES. D’envergure bien moins modeste, des entreprises de premier plan comme Nintendo avaient ouvert la voie en proposant aux abonnés du service Switch Online un accès à une sélection de grands classiques, tels que Blaster Master et Castlevania Legends. 

D’autres poids lourds étudient activement les opportunités d’investissement dans le tout-numérique. Fin 2024, SEGA évoquait par la voix de son président la possibilité d’un service d’abonnement de type Game Pass. Cette initiative pourrait s’inscrire dans la volonté de l’entreprise de ressusciter quelques-unes de ses licences phares, l’éditeur planchant déjà sur un reboot de Crazy Taxi à mi-chemin entre un MMO et un GTA.

L’esthétique rétro à l’assaut du jeu vidéo

Malgré leurs limites techniques, bon nombre de jeux anciens continuent de séduire un public pourtant habitué aux vastes mondes ouverts et à leurs possibilités infinies, sur fond de photoréalisme stupéfiant. Une certaine lassitude s’est emparée des joueurs, qui se tournent vers le passé pour retrouver l’authenticité qui faisait la force des pépites d’antan. Les remakes se multiplient, comme Resident Evil 4 Remake ou Donkey Kong Country Returns. Bien des créateurs indépendants renouent aussi avec la magie des sprites en pixel art, comme en témoignent les succès de Celeste, Stardew Valley ou Undertale.

Cette patte rétro s’étend au-delà du jeu vidéo classique. Dans l’iGaming, les développeurs s’inspirent visuellement des anciens bandits manchots pour créer des machines au look vintage ou rendant hommage à des jeux cultissimes, telles que Tetris Extreme. Des milliers de machines à sous entièrement gratuites attendent ainsi à portée de clic. Les amateurs peuvent les découvrir sur ordinateur ou mobile. De machines à effets 3D en machines classiques, toutes sont accessibles sans téléchargement ni inscription. Créer un compte permet toutefois de bénéficier d’offres promotionnelles, à l’instar de bonus de bienvenue et de tours gratuits.

Éminemment vendeuse, la nostalgie fait figure de valeur sûre. Ce retour en arrière n’empêche pourtant pas de se tourner vers l’avenir. Le dernier salon CES 2025 a dévoilé quelques nouveautés au carrefour de l’innovation et de la nostalgie, comme l’écran lumineux Gaming Pixel Art doté de fonctionnalités de création assistée par IA n’invalidant pas son esthétique pixelisée. La relance d’anciennes licences comme Onimusha ou Okami présage également d’une volonté de faire du neuf avec du vieux, sans trahir le matériau d’origine ni renoncer aux progrès technologiques récents.