Tout le monde connait le casino terrestre historique généralement accolé à un hôtel de luxe avec ses salons Belle-Époque et ses fauteuils moelleux. Depuis les années 2000, d’autres acteurs online sont apparus grâce à l’essor de l’internet mondial contraignant les gouvernements à adopter des mesures pour encadrer juridiquement ces entreprises issues des nouvelles technologies. De la loi de 1907 à celle de décembre 2023, jusqu’à la révolution Sorare, retour sur les changements qui ont et qui vont impacter l’industrie du jeu.
L’implantation d’un casino, une décision historique
Quand un joueur souhaite jouer aux machines à sous ou à la roulette, il doit se rendre dans une ville où le thermalisme est officiellement reconnu, une particularité de la loi de 1907. Avant cette date, c’est Napoléon 1ᵉʳ, le grand réformateur qui décide en 1804 d’attribuer un cadre législatif aux jeux d’argent.
Mais la loi de 1907 apporte un élément inédit à cette autorisation. En premier, elle précise qu’aucun casino ne peut ouvrir ses portes dans un rayon de 100 kilomètres autour de Paris, le casino d’Enghien-Les-Bains situé à proximité de thermes ayant obtenu une dérogation en 1901.
Le deuxième volet concerne les lieux où l’implantation d’établissements terrestres est autorisée : les villes thermales et les stations balnéaires. Une façon d’apporter plus de distractions aux curistes aisés venus prendre les eaux à Deauville ou à Bagnoles de l’Orne.
Vers un élargissement des autorisations
Avec l’arrivée de l’internet disponible sur tous les téléphones portables et la pandémie mondiale, les joueurs se sont naturellement tournés vers des casinos offrant des services online. Un essor fulgurant qui n’a pas échappé aux casinos traditionnels.
Le 5 décembre dernier, les députés ont adopté un texte à 145 voix pour et 48 contre, permettant d’élargir l’autorisation d’implantation. Après les villes thermales et balnéaires, ce sont les communes avec un patrimoine équestre (siège d’une société de courses hippiques, ou haras national) qui vont pouvoir profiter de la manne financière. Des villes comme Saumur dans le Maine-et-Loire, Arnac-Pompadour en Corrèze, Saint-Lô dans la Manche ou encore la Roche-sur-Yon en Vendée vont bénéficier du nouveau dispositif législatif.
Concentrés majoritairement sur les bords de mer ou les départements à forte urbanisation, seuls 63 départements sur 101 accueillent un casino. Le changement prévu par la loi permettra de rétablir l’équilibre sur l’ensemble du territoire. Véritables locomotives économiques, ils ont rapporté en moyenne près de 1.5 million d’euros aux villes auxquelles ils sont attachés.
Sorare, l’acteur majeur du Web3
Ce qui a fait bouger les lignes récemment, c’est l’arrivée en 2019 d’un jeu de fantasy football utilisant la technologie blockchain Ethereum. Sorare offre une expérience unique aux amateurs de football et aux collectionneurs de cartes puisque ces dernières représentent des joueurs réels, issus de diverses ligues de foot dans le monde.
L’entreprise bien que récente connait un engouement mondial. Des partenariats ont été signés avec plus d’une centaine de clubs de football, y compris des noms prestigieux comme le FC Barcelone, la Juventus et le Bayern Munich. Peu de temps après, Sorare a pris positions dans d’autres compétitions sportives à fort potentiel, la NBA pour le basket et le MLB pour le baseball américain.
En un temps record, Sorare pour So Rare (très rare en anglais) a vendu plus d’un million de dollars de cartes dans 50 pays. Le succès de l’entreprise est basé sur un modèle innovant, les NFT ou token non fongibles.
Comment se déroule le jeu ?
Les utilisateurs doivent acquérir des cartes, puis créer des équipes virtuelles et participer à des compétitions hebdomadaires. Les performances des équipes dans ces compétitions dépendent des performances réelles des joueurs sur le terrain. Ainsi, une bonne connaissance du football et des compétences en gestion d’équipe sont essentielles pour réussir.
Pour progresser, il faut participer aux compétitions. C’est la seule manière de grimper dans les classements et de collectionner des cartes du niveau supérieur. Plus la carte a de l’importance, plus les récompenses sont élevées. À gagner : de la crypto ETH, des billets pour assister aux compétitions dans un stade, des goodies. Le Graal, c’est l’accès VIP aux joueurs stars des clubs.
La différence avec les cartes Panini par exemple, c’est le niveau de rareté d’une carte. Elles se déclinent sous trois formes : les rares à 100 exemplaires, les super rares à 10 exemplaires et la carte unique. Toutes ces cartes s’achètent sur la plateforme et les prix grimpent en fonction des performances de chaque joueur.
Une réglementation en cours
Les NFT à l’instar des cryptomonnaies ou de la blockchain évoluent dans une zone grise. Si pour l’heure Sorare échappe à la réglementation sur les jeux d’argent, le gouvernement cherche à instaurer un nouveau cadre juridique spécifique à ce genre d’activités.
Le projet appelé JONE pour jeux à objets numériques échangeables est à l’étude au niveau de l’Inspection générale des finances. L’idée serait de permettre à ces entreprises de s’ouvrir aux marchés sans solliciter une autorisation préalable auprès de l’ANJ, mais un simple enregistrement déclaratif. Une initiative qui ne recueille pas le consensus de tous les acteurs du secteur.
Avec l’essor des NFT, notre vision du monde des jeux est en train de prendre un tournant majeur au même titre que l’instauration de la loi de 1907. Pour l’heure, il s’agit d’installer un cadre permettant de rendre le jeu plus serein pour tous. Affaire à suivre.
